Dans le monde du trading, les meilleurs sont très rarement les vendeurs de formations de trading recopiées sur des livres américains ou dont tout le contenu est déjà disponible gratuitement sur internet.
Vincent Bourbigot un trader trop discret
Il y aurait bien davantage à apprendre de vrais traders dont le métier est vraiment de trader et non pas de vendre des formations inutiles, voire dangereuses.
« Un trader très discret », pourrait être une bonne définition de Vincent Bourbigot.
En 2015 et 2019, il a accordé deux interviews, depuis son installation à Dubaï après une carrière auprès de plusieurs firmes de prop trading.
Puisque Vincent ne propose pas de formation. Tout trader ou apprenti trader devrait donc prendre le temps de regarder -au moins une fois- les quatre vidéos disponibles sur la chaîne Youtube Videobourse de Fabien Labrousse. Chacun de ses mots est riche d’enseignements précieux.
Les débuts : l’acquisition de l’esprit du trading avec les paris sportifs
Lors de ses études en école de commerce à l’EDHEC BUSINESS SCHOOL, Vincent découvre les paris sportifs.
Alors que tout le monde pariait habituellement sur la victoire du Réal Madrid ou du Psg ou d’une autre équipe, Vincent découvre les bookmakers en ligne qui proposaient des paris en direct.
Vincent se rend compte alors que sur les paris en direct on pouvait profiter d’anomalies c’est à dire qu’ il y avait des cotes qui était mal actualisées.
Par exemple, en début de match un pari porte sur la probabilité d’un penalty pendant le match avec une cote de 1,25 c’est-à-dire qu’il y avait une chance sur 4, une chance sur 5 d’avoir un pénalty pendant le match. Mais alors qu’on arrivait à la 60ème, 70ème, 75ème minute, cette cote n’était pas actualisée. Si bien qu’à la 75ème minute, la cote était toujours à 1,25 donc ça devenait une super cote alors qu’il restait 15 minutes de jeu. Sur une centaine de matches joués le week-end, les cotes étaient mal actualisées chez le broker sur une trentaine de matches. Vincent a donc commencé le trading avec les paris sportifs en ayant un avantage en termes de probabilités. La transition vers la finance était donc logique.
La formation à la négociation sur carnet d’ordre chez Vandermoolen puis Millennium
Avec son bachelor en Finance obtenu en 2008 et son profil atypique de parieur sportif gagnant, Vincent séduit. Il va ainsi effectuer une carrière aux pays bas chez Van Der Moolen où il va être formé au carnet d’ordres avant de poursuivre sa carrière auprès du fonds Millennium.
L’installation à Dubaï et la location d’un desk dans la trading arcade DubaïPTG
Au début des années 2010, Vincent s’installe à Dubaï. Il a d’abord loué un desk chez DubaïPTG, une trading arcade qui était plutôt orientée vers le forex, alors que Vincent trade les futures (eurostoxx, dax, et produits de taux obligataires).
Mais l’intérêt de DubaïPTG était de faciliter les formalités administratives pour créer sa société, être dans la légalité au regard des règles locales, et se concentrer sur le trading.
La création d’IBVV TRADING DMCC
En 2017, Vincent s’est finalement installé à son propre compte avec la création d’IBVV TRADING DMCC dont le Legal Entity Identifiers (LEI) est 5299006LMDJ0A8630949 .
Rappelons que le legal entity identifier ou identifiant d’entité légale est un code de référence utilisé sur les marchés et dans les juridictions pour identifier de manière unique une entité juridiquement distincte qui effectue une transaction financière.
Vincent a alors ouvert sa propre salle de trading dans ses propres bureaux non loin de Dubaï Marina, en bordure de la route Sheikh Zayed, avec des employés pour la gestion de l’administratif et la gestion du risque.
Gestion d’actifs pour compte propre et pour compte de tiers
Vincent n’est pas un « petit trader ». Sans rien révéler des capitaux qu’il a sous gestion, il gérait aux alentours d’un million d’euros en 2015. Il en gérait bien davantage en 2019.
Technique d’investissement. Trading de volatilité sur futures pour quelques ticks.
Vincent trade les futures au carnet d’ordre. Il a été formé à trader de cette façon. Pas de graphiques. Pas de chartisme. Vincent est très loin de tout cela. Il intervient lors des ouvertures et fermetures de marchés, mais aussi lors des évènements politiques comme les élections américaines, les discours, les crises.
La volatilité est le moteur. La liquidité est le carburant. La liquidité permet d’entrer et sortir car il y a ainsi toujours une contrepartie. Et c’est la volatilité qui permet à Vincent de générer du profit. Au contraire il y aura moins d’opportunités dans un marché trop stable.
Les outils de trading : plateforme, flux de nouvelles et broker de secours
Son outil de travail est la plateforme Trading Technologies avec un abonnement compris entre 700 et 1400 dollars US par mois, et un tarif dégressif au-delà d’un certain montant de capitaux sous gestion.
Une plateforme permettant de trader le carnet d’ordre avec 80% à 90% des trades opérés en moins de 5 minutes est nécessaire.
Vincent trade pour quelques ticks selon l’actif considéré. Outre un abonnement aux flux de news de type Newsquawk afin d’obtenir 10 à 15 secondes avant tout le monde une information de qualité et synthétisée.
Vincent précise qu’il a un broker de secours. Plusieurs incidents lui sont arrivés où le carnet d’ordre ne fonctionnait plus pendant 30 secondes, jusqu’à cinq minutes… Il faut avoir le téléphone du broker en cas d’urgence. Il faut un internet de secours également en cas d’incident réseau.
Stratégies d’investissements
Après une bonne période entre 2012 et 2016, Vincent évoquait des marchés plus difficiles en 2019 et la nécessité d’être patient.
Un trading de volatilité, non directionnel
L’une des qualités de Vincent, et peut être l’un des secrets de sa réussite, c’est de ne pas avoir de biais, de ne pas avoir de sentiment de marché.
Vincent ne dit pas que le marché va monter ou qu’il va baisser. Il ne cherche pas à le prédire. D’ailleurs qui le peut véritablement ?
Le métier de Vincent c’est d’apporter de la liquidité à l’achat et à la vente. Alors, évidemment il tiendra compte du contexte, mais il doit éviter au maximum d’avoir une prévision sur la hausse ou la baisse du marché. Il reconnaît que, non seulement c’est difficile à prévoir, et même qu’il se trompe souvent dans ce domaine.
En définitive, Vincent adapte son trading aux mouvements du carnet d’ordre et apporte de la liquidité tout en tenant compte du contexte.
Mais il ne prend jamais de position au prétexte qu’il anticiperait une hausse ou une baisse du marché. Il trade les excès, pas une hypothétique direction.
Vincent évoque la subtilité de certains styles de trading en évoquant un trader qui ne trade que les nouvelles via bloomberg. Mais celui-ci comprend parfaitement l’anglais ainsi que les subtilités de telle ou telle intonation dans la voix ou dans le sens des mots employés. En tant que français, les dix secondes supplémentaires de compréhension nécessaires pourront faire la différence dans le trading et il sera peut-être déjà trop tard pour prendre le trade.
L’adaptation de la stratégie à la liquidité de l’actif
La liquidité du sous-jacent est déterminante pour définir et appliquer une stratégie. Certains actifs ne permettent pas de prendre de grandes positions. Par exemple, sur le Dax, on peut entrer facilement et sortir facilement pour 1 contrat Dax. Mais on ne peut pas rentrer de la même façon pour 1000 contrats Dax. Pour sortir d’une grosse position Dax, il faudra sortir progressivement avec des ordres de taille différentes voire prendre des positions correspondantes sur l’Eurostoxx pour limiter son risque.
La question de la possibilité de gagner en trading. Le problème des formateurs.
Parmi toutes les personnes qui se passionnent pour le trading, peu parviennent véritablement à gagner. Les statistiques officielles et les chiffres publiés par les courtiers révèlent un taux de 70% à 80% de traders perdants. Si ce n’est pas 90 % pour les traders particuliers. Et il n’y a pas de statistique sur plusieurs années consécutives.
Il n’est donc pas donné à tout le monde de gagner sur les marchés. Et tout le monde ne saurait pas pouvoir prendre des positions énormes sur les marchés. Pour réussir en trading, la passion pour la finance n’est pas suffisante. Bien sûr, l’amour des chiffres et la réflexion sont indispensables. Aimer rester devant un ordinateur toute la journée également. Mais le but ne doit pas être uniquement de s’enrichir pour acheter des voitures et voyager en jet privé. Le trading est comme un jeu d’échecs. C’est une véritable activité intellectuelle.
Mais travailler dur n’est pas suffisant. Il faut avoir été formé en salle de marchés.
Vincent explique que si on a la mauvaise formation on va travailler sur quelque chose qui est contre-productif. Si on a le mauvais professeur, si on a la mauvaise stratégie, ça se finira très mal. En toutes hypothèses.
Vincent déplore le niveau des « formations » en trading, qui se font en France, à Dubaï ou aux Etats-Unis. Il explique que pour un professionnel qui a été formé dans le monde de la finance, il est très facile de distinguer le vendeur de formations du véritable formateur de futurs traders. La plupart des pseudo formateurs ont un seul objectif : prendre le maximum d’argent de leurs clients « si on peut appeler ça des clients ».
Pourquoi la grande majorité des formateurs sont formateurs et ne sont pas traders ? Les arnaqueurs du trading
C’est parce qu’ils ne savent pas trader. Certains formateurs peuvent être considérés comme de véritables « sociopathes » c’est-à-dire des personnes qui vont récupérer l’argent de leurs clients et qui n’ont absolument aucun intérêt, aucune empathie envers le client qui se retrouvent en difficulté.
Il existe de nombreux arnaqueurs du trading qui font rêver dans les formations en faisant croire qu’il est possible de faire des gains faciles ou que la majorité de leurs clients vont gagner de l’argent dans les six mois.
Il est compliqué pour une personne qui n’est pas du milieu de détecter la personne, « formateur », qui n’est pas du milieu. Au contraire, une personne du milieu de la finance va immédiatement détecter le bonimenteur qui raconte une histoire, qui invente sa vie.
Ça pourrait être comique.
Mais la réalité c’est que beaucoup de personnes vont perdre tout leur argent. Certains vont s’endetter et vont finir ruinés jusqu’à créer des cagnottes pour solliciter de l’aide de tiers pour payer ses dettes. Ces gens vont tout perdre. Leur femme, leur famille, leur santé mentale. La régulation du secteur a été tardive.
Quelle est la raison pour laquelle les gens perdent leur argent ?
C’est parce qu’ils ne respectent pas un management du risque bien précis, bien défini.
C’est à dire qu’une grande partie des apprentis traders sont des gens qui veulent très vite gagner de l’argent mais qu’ils perdent quasiment leur compte en une seule journée.
Vincent indique avoir déjà vu des gens commencer à doubler, tripler la position et, à la fin, sur une après-midi, finir par exploser leur compte et perdre tout l’argent.
Il faut se donner une perte maximum. Selon son style de trading, ça peut être 1%, 5%, 10% de son capital total. Dès lors qu’on atteint ce niveau de perte on doit clôturer la position, peu importe sa position, et aller faire autre chose.
Parce que vraiment c’est un filet de sécurité ça permet de ne perdre qu’une fraction de son capital.
Et psychologiquement, à un moment, si on a trop d’argent en jeu, le raisonnement devient altéré.
Arrêter ça fait mal. Mais après avoir perdu les 5 % de son capital, en tous les cas le lendemain, ou quand on revient, sur le marché, on repart à froid.
D’où la nécessité pour une structure comme IBVV TRADING DMCC d’avoir un risk manager. C’était déjà le cas chez son employeur à Amsterdam. Il est utile d’avoir une personne qui se concentre sur le risque et la psychologie, pendant qu’on se concentre sur l’application de sa propre méthode d’investissement.
Quels conseils pour quelqu’un qui débute et qui veut progresser et devenir gagnant ? Est-ce que c’est possible ?
Selon Vincent, si c’était à refaire, en connaissant tous les risques qu’il a appris à connaître, il est possible qu’il se serait orienté vers une autre activité professionnelle. Il indique avoir vu des situations vraiment très difficiles.
Personnellement, en imaginant qu’il se retrouve dans la situation où il aurait la même probabilité de réussite qu’une personne lambda, la différence, c’est qu’à ses débuts, il percevait un salaire et que s’il ne réussissait pas, au pire, il percevait son salaire pendant un certain temps et qu’il n’était pas exposé avec son propre argent.
Selon Vincent, même avec la meilleure méthode, si une personne lambda l’apprend, il restera toujours une faible probabilité pour que cette personne réussisse sur les marchés.
C’est la réalité. Il ne faut pas vendre du rêve.