Cash investigation le magazine télévisé présenté par Elise Lucet sur France 2 diffusé le 04 avril 2024 s’est intéressé aux « influenceurs » installés à Dubaï qui persuadent une partie de la population francophone de s’intéresser au trading de produits financiers, notamment du forex ou des crypto monnaies, pour prétendument gagner facilement et régulièrement de l’argent.
Les influenceurs, instrument de promotion des courtiers ou brokers utilisés à leur profit.
On découvre dans l’émission que les fameux influenceurs ne sont pas les seuls fautifs. De nombreuses personnes agissent dans l’ombre.
L’un d’eux, proche de l’un des influenceurs et présenté comme faisant véritablement du trading, indique que « la cible ce sont les gens qui n’y connaissent rien au trading ».
Il confirme que 88% des « cibles » perdent tout leur argent, la faute selon lui à une mauvaise gestion de leur risque.
Les influenceurs sont choisis : l’un d’eux ne s’y connait pas en trading mais les gens s’en foutent. « L’expertise elle n’est pas sur lui ». Les influenceurs correspondent à une personnalité définie qui va séduire des futurs clients dirigés vers des « brokers ».
Sur les réseaux sociaux et dans leurs vidéos, les influenceurs paraissent plus riches qu’ils ne sont véritablement précise le « trader » interrogé : par exemple certains font une audience « quartier » ce qui suppose de « parler wesh, s’habiller avec des vêtements de luxe H24 et conduire des lambo ».
Marc Blata dont le pseudonyme signifierait « sans gêne », interrogé par Elise Lucet, affirme avoir gagné plusieurs centaines de milliers d’euros par l’apport de client à des courtiers et plus de 2 millions d’euros grâce au « vrai trading ».
L’influenceur gagne plus que le premier dépôt du client : 800 euros déposés c’est 1000 euros pour l’influenceur.
Le « trader » interrogé affirme qu’un influenceur qui fait ouvrir 300 à 400 comptes gagnera 100 à 150 000 euros par mois.
Un client est rentable à partir de 1200 euros de dépôt souligne un broker.
La pièce maîtresse du puzzle : le « Broker »
Un avocat, Konstantin MIKOV présenté comme avocat mais qui ne semble pas être inscrit à l’un des barreaux de France, est interrogé. Selon lui les flux financiers sont à Chypre, en Australie ou dans des sociétés off shore. La plupart opèrent via des sociétés off shore. C’est la finance clandestine, non réglementée, sans protection pour le client.
Les brokers concernés ne sont pas des brokers traditionnels : ce sont des « tourneurs de marché » ou « market makers ». L’argent ne va pas sur le marché réel. Il reste chez le broker qui a créé son propre marché : quand on perd, le broker garde l’argent. Et on a 8 chances sur 10 de perdre. Le courtier se rémunère donc sur la perte de ses clients.
Les brokers sont dans la position de pari contre le client. Le conflit d’intérêt est permanent dans ce type de business model. C’est un business model légal. Mais pas éthique.
L’influenceur voisin de quartier
Il existe un autre type d’influenceur. Les formateurs du trading qui vendent des formations. Mais également ceux pratiquant le Multi level marketing ou « MLM » inspiré de la réunion Tupperware, mais qui s’en distingue.
Dans les réunions Tupperware, la vendeuse est commissionnée sur les produits qu’elle vend à ses clients. Dans le MLM, la commission est liée à la capacité à faire entrer de nouveaux arrivants. La rémunération n’est donc pas liée aux ventes mais au nombre de personnes recrutées.
Une femme est interrogée : à la suite d’une perte d’emploi et cherchant à gagner sa vie, elle est devenue cliente d’une société basée à DUBAI, FUTURES INFINITY « académie de formation trading » dont le représentant serait Amine RAZAK.
Son travail consiste à faire la promotion de FUTURES INFINITY auprès de son entourage afin de ramener de nouveaux clients qui s’abonnent à leur tour. A priori ces personnes semblent peu formées à la finance mais plutôt désireuses de gagner de quoi vivre tous les mois.
Ce système, pour continuer de fonctionner, implique donc un recrutement permanent.
De grands rassemblements de motivation et recrutement sont organisés par exemple à Toulouse ou Montpelier. Les gens payent 80 € pour y assister.
Il s’agit donc d’une structure pyramidale de type Ponzi où la personne au sommet de la pyramide gagne 100 000 euros par mois, notamment Moha IFQIRNE interrogé dans l’émission.
Le suivant 50 000 euros, les suivants 10 000 euros, puis toujours moins jusqu’à ne rien gagner pour 93% des membres du groupe concerné.
Ils vivent sur « l’espoir de monsieur et madame tout le monde ».
On parle de « reprogrammation du cerveau » et la MIVILUDES ou Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a été saisie.
Les paris sportifs, autres addictions
L’émission s’éloigne de son sujet initial pour l’étendre à d’autres formes d’addictions ayant pour conséquence les pertes de grosses sommes d’argent : de grands sportifs font la promotion des paris sportifs. Winamax et Betclic sont les deux leaders du marché. Vous avez la possibilité de jouer 24 h sur 24 h.
L’addiction au jeu d’argent c’est encore pire que l’alcool ou la drogue dit le manager d’une salariée de Betclic embauchée à Malte. Les clients « classés VIP » sont en réalité les plus gros perdants. Ce sont les vrais accrocs. Un homme tétraplégique à la suite d’un accident de voiture survenu vingt ans auparavant a perdu plus de 300 000 euros dans les paris sportifs correspondant à une partie de l’indemnité qu’il a perçu au titre de son handicap.
En conclusion les particuliers n’ont pas fini de croire aux promesses d’argent facile dans l’espoir de devenir millionnaires et de perdre toujours davantage
Depuis plus d’une quinzaine d’années les prétendues formations de traders pullulent sur internet. Le développement des réseaux sociaux, tiktok, snapchat instagram et autres, a facilité une communication à l’attention d’un nouveau public n’ayant aucune connaissance en finance personnelle. L’arrivée de nouveaux actifs financiers très volatiles a renforcé l’impression d’une possibilité de s’enrichir rapidement.
Au lieu d’investir progressivement leur argent sur de véritables actifs financiers et se constituer un patrimoine, des particuliers dépensent ainsi leurs économies sur des casinos virtuels.
Ils pourraient s’éduquer en étudiant l’analyse financière ou en lisant des revues spécialisées ou en suivant des sociétés de gestion financières pour investir sur des sociétés cotées sur les marchés financiers ce qui suppose un minimum d’effort intellectuel.
Les ressources sont disponibles partout. La difficulté est de faire le tri ce qui est loin d’être évident lorsqu’on part d’une feuille blanche.
Les actions des autorités supposées protéger les particuliers semblent peu efficace. Il faut donc s’informer sans se laisser influencer et surtout penser investissement à long terme plutôt que trading à court terme.
Vous êtes vraiment perdus? commencez par l’Institut des libertés de Charles Gave pour la réflexion économique et la construction d’un portefeuille, les chaines Youtube Finary et Crésus, les sites des sociétés de gestion Monocle.lu ou Indépendance-am de William Higgons, des blogs tels que le site Investisseur heureux, les Daubasses etc… etc…